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Passagem das horas, folie ordinaire and other travelling stories...

3 août 2011

Go back to Tangier...

200224_10150116734284043_810554042_6219472_6989730_nC'est surement de la procrastination, art dans lequel nous sommes nombreux sur cette planète à exceller, mais je préfère parler de pause. Pause souvenir. Finalement, aller en avant se fait à reculons, en embellissant certains instants qui ont changé notre regard sur notre existence, sur le réel, sur le temps. J'ai entendu un jour quelqu'un dire que nous ne pouvons pas échapper à notre passé, que d'une manière ou d'une autre, il vient toujours nous hanter. La dernière fois où cela m'est arrivé fut à Tanger. Peut-être parce que cette ville a aussi un passé qui la hante. Elle est remplie de vieux démons, de toutes ces âmes qui sont venues se damner dans cette contrée en suivant un grimoire en guise de guide touristique. Je me demande encore si ce ne fut pas à cause du temps, des caprices météorologiques qui noircissent le ciel et l'esprit. En rentrant à Paris, j'ai mis ma fièvre sur le compte du dépaysement, d'un bousculement si grand qui m'avait secoué jusqu'aux entrailles. A posteriori, je me demande si ce ne fut juste cette dernière confrontation avec moi même, entre ce que j'étais à ce moment et ce que je fus. Entre ce que j'avais imaginé et ce que j'ai effectivement vu et senti. Mon Orient fantasmatique. L'Orient des proverbes des sages du désert. L'Orient télévisé de mon adolescence avec tous ces conflits dont je ne comprennais pas les enjeux. L'Orient de Camus et d'une chanson de The Cure que j'avais longtemps fredonnée. Ce n'est pas la plus belle ville marocaine selon notre concept de beauté orientale. C'est une ambiance unique. Brouillard sous le soleil. Suspension des vapeurs du thé à la menthe, des appels à la prière, de l'effervescence  des rues commerçantes de la Médina, des rêves des candidats à l'exil, des sonorités de cette langue dont j'ai hâte d'apprendre. Ce fut un voyage déroutant et pourtant je l'avais scientifiquement préparé. Je m'avais documenté. Des récits de voyage, des livres de photos anciennes, un guide touristique. Je comprends mieux ce qu'ils ont vécu, Bowles, Bourroughs et tant d'autres, aventuriers ou truands, échoués sur cette plage grise. Mon âme s'est évanouie en foulant ce sol, ensorcellée. Je vois encore les contours langoureux de l'Europe, étirée avec nonchalance, recouverte avec pudeur par ce voile de nuages légers. Les canons du boulevard Pasteur, les saveurs de la cuisine, les parfums d'ambre. Il faisait froid, le vent soufflait, la pluie taquinait le beau temps. A chaque fois que je ferme mes yeux et que je pense à Tanger, mon corps revit cette tourmente barroque, ce fouet de sensualité si blessant lorsque l'on a le coeur brisé. Février à Tanger...

Tangier1

 

 

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